Léon XIV innove : le voeux d'obéissance au Pape exprimée par des représentants du peuple de Dieu lors de sa messe d'installation.

Le livret liturgique de la messe d'inauguration du pontificat de Léon XIV, ce dimanche 18 mai sur la place Saint-Pierre, révèle une évolution notable par rapport aux traditions passées. Après la remise du pallium et de l'anneau du pêcheur, la promesse d'obéissance au Pape ne sera plus prononcée par six cardinaux, comme c'était le cas auparavant, mais par douze "représentants du peuple de Dieu".

Parmi ces douze personnes qui exprimeront leur obéissance au chef de l'Église catholique figurent trois cardinaux de différents continents (Amérique du Nord, Amérique du Sud et Océanie), ainsi qu'un évêque, un prêtre, un diacre, deux religieux, un couple marié et deux jeunes.

Avant les changements introduits par Léon XIV, et plus généralement avant les évolutions liturgiques qui ont suivi le Concile Vatican II, la cérémonie d'obéissance au Pape lors de la messe inaugurale du pontificat se déroulait d'une manière plus centrée sur le Collège des Cardinaux.

Traditionnellement, après la remise du pallium et de l'anneau du pêcheur, six cardinaux représentant les trois ordres du Sacré Collège (deux évêques, deux prêtres et deux diacres) s'avançaient pour saluer individuellement le nouveau Pape. Chacun d'eux s'agenouillait devant lui et baisait sa main, en signe de respect et d'obéissance de la part de l'ensemble du Collège cardinalice. Cet acte symbolisait l'allégeance et la collaboration des plus proches collaborateurs du Pape dans le gouvernement de l'Église universelle.

Cette pratique mettait en évidence le rôle particulier des cardinaux en tant que conseillers et soutien du Pontife Romain. Leurs actes d'obéissance, au nom de tout le Collège, soulignaient l'unité et la hiérarchie au sein de l'Église, avec le Pape à sa tête.

Le changement introduit par Léon XIV, en faisant participer des représentants plus larges du "peuple de Dieu", marque une évolution vers une expression d'obéissance qui inclut une plus grande diversité de la communauté ecclésiale, reflétant davantage la théologie du Concile Vatican II sur l'Église comme peuple de Dieu.

Ce changement significatif s'inscrit dans la ligne du pontificat de Léon XIV, qui semble vouloir réaffirmer l'importance de la collégialité et de la conception de l'Église comme un peuple en marche, sans pour autant nier la nature verticale et sacrée de la charge papale.

Le choix de faire exprimer l'obéissance par des "représentants du peuple de Dieu" est délibéré. Cette expression, centrale dans la théologie du concile Vatican II, désigne l'ensemble des baptisés, appelés à progresser ensemble dans la foi et à participer activement à la mission de l'Église. En donnant une visibilité liturgique à cette réalité, Léon XIV envoie un message fort, celui d'une Église où le sensus fidei du peuple chrétien est pris en considération même dans les rites les plus solennels.