La messe inaugurale du pontificat de Léon XIV : une liturgie riche en symbolisme et enracinée dans la tradition catholique

Ce dimanche 18 mai 2025 marquera le début officiel du ministère pétrinien de Robert François Prévost, qui prendra le nom de Léon XIV. Cette célébration eucharistique, prévue à 10h dans la majestueuse basilique Saint-Pierre et sur la place du même nom, ne sera pas seulement une messe, mais un rite d'inauguration profondément symbolique. Elle soulignera le lien spirituel et historique direct entre le nouveau Pape et l'apôtre Pierre, le premier évêque de Rome, dont le martyre a fécondé les premières communautés chrétiennes de la Ville Éternelle. Au cœur de cette liturgie se trouvera la remise des insignes épiscopaux spécifiquement associés à la succession de Pierre : le pallium et l'anneau du pêcheur.

Le cadre et la signification du début du ministère

Léon XIV, en tant que 267ème successeur de l'apôtre Pierre, s'apprête à assumer pleinement son rôle de pasteur universel de l'Église catholique. Le bureau des célébrations liturgiques du Souverain Pontife a orchestré une liturgie où chaque moment est porteur de sens, ancré dans une longue tradition.

Les insignes "pétriniens" : pallium et anneau du pêcheur

Deux insignes anciens et particulièrement significatifs seront au centre de cette célébration inaugurale :

Le pallium : symbole du Bon Pasteur et du lien avec Pierre. Ce vêtement liturgique distinctif, fait de laine d'agneau, évoque l'image biblique du Bon Pasteur portant la brebis perdue sur ses épaules. Il rappelle également la triple profession d'amour de Pierre à Jésus ressuscité et la triple injonction de paître ses agneaux et ses brebis (Jean 21, 15-17). Comme l'explique Siméon de Thessalonique, le pallium symbolise le Christ lui-même qui, par l'Incarnation, a pris notre nature, nous a sauvés par sa mort et nous a élevés par sa résurrection. Concrètement, il s'agit d'une bande étroite de tissu de laine blanche, ornée de six croix de soie noire (une sur la poitrine, une dans le dos et quatre sur les parties reposant sur les épaules) et munie de trois épingles appelées acicula, qui représentent les trois clous de la croix du Christ.

L'anneau du pêcheur : insigne de l'autorité et de la foi de Pierre. Cet anneau, remis solennellement au Pape lors de l'inauguration de son pontificat, porte une gravure représentant saint Pierre lançant ses filets depuis une barque. Il symbolise l'autorité que le Christ a conférée à Pierre, celle de confirmer ses frères dans la foi. L'appellation «anneau du pêcheur» fait référence à l'épisode évangélique où Pierre, sur la parole de Jésus, réalisa une pêche miraculeuse (Luc 5, 1-11 ; Jean 21, 1-14), soulignant l'importance de la foi dans la mission apostolique. Cet anneau authentifie la foi, une tâche spécifiquement confiée à Pierre.

Le déroulement de la liturgie : étapes et significations

Recueillement sur la tombe de saint Pierre : un lien historique et spirituel. La liturgie débutera à l'intérieur de la basilique vaticane. Un moment poignant verra le nouveau pontife romain descendre jusqu'à la tombe de saint Pierre, accompagné des patriarches des Églises orientales. Là, il se recueillera en prière et encensera le lieu du martyre de celui que l'Église considère comme le premier Vicaire du Christ. Cet acte symbolise la continuité ininterrompue entre Léon XIV et l'apôtre Pierre, soulignant que son ministère s'inscrit dans cette lignée apostolique.

Procession des insignes : le pallium, l'anneau et l'Évangéliaire. Après ce moment de prière, deux diacres prendront le pallium, l'anneau du pêcheur et le livre des Évangiles et les porteront en procession vers l'autel qui sera dressé sur le parvis de la place Saint-Pierre, lieu de la célébration publique.

L'arrivée du Pape et les Laudes Regiæ : invocation des saints. Léon XIV rejoindra ensuite la procession. Pendant ce temps, les Laudes Regiæ, un chant liturgique traditionnel, seront entonnées. Ces litanies invoquent l'intercession des saints pontifes, des martyrs et des saints de l'Église romaine, marquant la communion des saints qui accompagne le nouveau pontife dans son ministère.

La tapisserie et l'icône : des symboles visuels. La place Saint-Pierre sera ornée pour l'occasion. Sur la façade de la basilique, aux portes centrales, sera suspendue une tapisserie représentant la pêche miraculeuse, un rappel visuel du dialogue entre Jésus et Pierre et de la signification de l'anneau du pêcheur. Cette tapisserie est une reproduction d'une œuvre flamande réalisée pour la chapelle Sixtine d'après un carton de Raphaël. Sur l'autel, une effigie de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, provenant du sanctuaire de Genazzano, sera présente, soulignant la dimension mariale du ministère pétrinien.

Les rites d'ouverture : bénédiction et prière. La célébration se poursuivra avec le rite de la bénédiction et de l'aspersion d'eau bénite, un usage propre au temps pascal. Le Gloria sera chanté, suivi de la prière de la collecte, une oraison qui rappellera le dessein divin de fonder l'Église sur l'apôtre Pierre.

1. La liturgie de la Parole : un enseignement biblique centré sur Pierre. Les lectures bibliques de cette messe inaugurale seront particulièrement significatives :

• La première lecture, tirée des Actes des Apôtres (Ac 4, 8-12) et lue en espagnol, mettra en avant le rôle du Christ comme «la pierre rejetée par les bâtisseurs».

• Le Psaume (Ps 117 [118]), chanté en italien, reprendra le thème de la «pierre angulaire».

La deuxième lecture, extraite de la Première lettre de Pierre et proclamée en anglais, soulignera le lien entre Pierre, l'Église de Rome et le ministère de son successeur.

• L'Évangile (Jn 21, 15-19), lu en latin et en grec, sera le passage de la triple question de Jésus à Pierre et de sa triple demande de paître ses agneaux et ses brebis, un texte fondamental pour comprendre la mission particulière confiée à Pierre au sein du collège apostolique.

2.L'imposition des insignes "pétriniens" :

un moment central. Après la proclamation de l'Évangile, un rite essentiel aura lieu : l'imposition des insignes épiscopaux "pétriniens". Trois cardinaux, représentant les trois ordres (diacre, prêtre, évêque) et provenant de différents continents, s'approcheront de Léon XIV. Le premier lui imposera le pallium sur les épaules. Le deuxième prononcera une prière spéciale, implorant la présence et l'assistance du Seigneur sur le nouveau Pape. Enfin, le troisième récitera une oraison s'adressant au Christ, «pasteur et évêque de nos âmes», qui a bâti son Église sur le roc de Pierre. C'est ce cardinal qui remettra solennellement l'anneau du pêcheur à Léon XIV. Ce moment s'achèvera par une prière à l'Esprit Saint, demandant qu'il accorde au Saint-Père la force et la douceur nécessaires pour maintenir les disciples du Christ dans l'unité. Ensuite, le Pape bénira l'assemblée avec l'Évangéliaire, en acclamant en grec : «Ad multos annos!» («Pour de nombreuses années !»).

Le rite d'obéissance : la communion de l'Église. Suivra un rite symbolique d'«obéissance», où douze représentants de toutes les composantes du peuple de Dieu, venus de diverses régions du monde, s'approcheront du Pape pour lui manifester leur respect et leur communion.

La suite de la célébration : homélie, Credo et prière universelle. La célébration se poursuivra avec l'homélie prononcée par le Pape, l'affirmation de foi avec le chant du Credo, et la prière des fidèles, qui comprendra cinq intentions exprimées en différentes langues : portugais, français, arabe, polonais et chinois, témoignant de l'universalité de l'Église.

La liturgie eucharistique : le sacrifice et la communion. Pendant le chant de l'hymne d'offertoire «Tu es pastor ovium» («Tu es le pasteur des brebis»), la prière sur les offrandes demandera que, par le ministère missionnaire de l'Église, les fruits de la rédemption se répandent dans le monde entier. Léon XIV prononcera ensuite la prière eucharistique en latin, le cœur de la messe. Après le rite de la communion, le Pape priera Dieu de confirmer l'Église dans l'unité et la charité et de le garder, lui et le peuple qui lui est confié, sous sa protection.

Les rites de clôture : allocution et bénédiction finale. Avant de conclure la célébration, le Pape prononcera une brève allocution. Après la prière du Regina Cæli (en ce temps pascal), il donnera la bénédiction solennelle. Cette bénédiction reprendra l'image biblique de la vigne et du vignoble, appliquée à l'Église, implorant le Seigneur de veiller sur la souche qu'il a plantée et de faire resplendir son visage de salut sur le monde entier.

Cette messe inaugurale s'annonce donc comme un événement liturgique d'une grande richesse symbolique, ancré dans l'histoire de l'Église et marquant le début d'un nouveau chapitre du pontificat avec la pleine assomption par Léon XIV de son rôle de successeur de Pierre.

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