Le Saint-Siège a t' il vraiment autorisé l'ordination des personnes ouvertement homosexuelles?

La Conférence des évêques d'Italie a publié, vendredi 10 décembre, un document au sujet de la formation des candidats aux ordres sacrés. Depuis lors, nous pouvons lire dans les publications journalistiques que le Saint-Siège aurait autorisé l'ordination des homosexuels ; mais qu'en est-il vraiment ? Tout d'abord, il faudrait qu'on soit clair : NON, le Saint-Siège n'a pas autorisé l'ordination des candidats ouvertement homosexuels. Dans ce document, bien que sortant de l'Italie, il ne s'agit pas du Saint-Siège qui,lui, est le Vatican, le siège de l'Église universelle. Il faut faire la distinction, bien qu'elle soit difficile, entre le Saint-Siège et l'Église particulière qui est en Italie. Bien qu'étant une enclave italienne, il ne faut pas faire l'amalgame entre le Saint-Siège en tant que magistère et l'Église catholique en Italie, qui, comme toutes les Églises particulières a une conférence des évêques et donc une autonomie quant à l'apostolat, comme cela est stipulé dans le canon 447. Il est donc important de faire cette distinction très importante entre le Saint-Siège qui est le siège de l'Église universelle et la Conférence des évêques d'Italie qui est l'assemblée des autorités de l'Église particulière qui est en Italie. Maintenant, qu'en est-il de la soi-disant acceptation par la CEI (Conférence des évêques d'Italie) de l'ordination des candidats ouvertement homosexuels ?

Quel est le document mis en cause ici ?

Cette information émerge de la publication du ratio nationalis d'Italie. C'est quoi un ratio nationalis ? C'est un document dans lequel chaque conférence des évêques donne son interprétation (ou adaptation) de Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis (qui est un document normatif du Saint-Siège qui régit la formation des candidats aux sacerdoces). La dernière mouture de ce texte a eu lieu en 2016 et le Vatican avait alors demandé aux différentes conférences des évêques d'en faire des interprétations, voire des adaptations nationales. L'Église de France, par exemple, avait publié sa ratio nationalis en 2022. La Conférence des évêques d'Italie a rendu sa copie après le synode sur la synodalité dont la dernière session a eu lieu en octobre 2024 et où il a été question aussi de parler de la formation des prêtres. C'est donc en ayant de nouvelles perspectives de réflexion que l'Église d'Italie publie cette Ratio. Il est important de rappeler le caractère local de ce document qui ne concerne que l’Église qui est en Italie et pas l’Église universelle. Aussi, ce texte est ad experimentum sur trois ans, c’est-à-dire que c’est une expérience que l’Église d’Italie fera pendant trois ans.

Que dit vraiment ce document?

La ratio nationalis d'Italie évoque moult sujets quant à sa trame de fond qui est la formation des prêtres. C'est un document de plus d'une soixantaine de pages subdivisé en 118 paragraphes qui explore plusieurs aspects de la formation au sacerdoce. Dans cette foulée de recommandations, il y a le paragraphe 44 qui a particulièrement attiré l'attention des médias et qui traite de la manière dont les séminaires doivent aborder le problème des candidats avec des tendances homosexuelles. Tout d'abord, le document commence par rappeler ce que dit le magistère à ce sujet : « L'Église, tout en respectant profondément les personnes en question, ne peut admettre au séminaire et aux ordres sacrés ceux qui pratiquent l'homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce que l'on appelle la culture gay. » Il est clair que l'Église n'ouvre pas de porte aux candidats homosexuels. Ce texte demande surtout aux séminaires d'explorer d'autres voies en plus de celle-là afin de pouvoir répondre au mieux au problème. Sans remettre en cause ces règles, les évêques italiens demandent néanmoins de ne pas « réduire le discernement (pour accepter ou non un candidat) à ce seul aspect », insistant notamment sur la capacité du candidat à respecter la chasteté . L’objectif de la formation du candidat au sacerdoce dans la sphère affectivo-sexuelle est la capacité d’accueillir comme un don, de choisir librement et de vivre de manière responsable, la chasteté dans le célibat », détaille ce texte . Le document remet en lumière la question de la chasteté. Dès lors, la vraie valeur de ce document, c’est de redonner à la chasteté ses lettres de noblesse; Faire de la chasteté une clef indispensable dans le discernement de la vocation, voilà ce que demande ce document. Se concentrer sur la chasteté ici ne signifie pas que les séminaires doivent faire des concessions à ce que l’Église donne à la matière qui est qu’on ne peut pas ordonner. C’est pourquoi le document commence par rappeler que l’Église ne peut admettre au séminaire et aux ordres sacrés ceux qui pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce que l’on appelle la culture gay. »